La Caravane culturelle syrienne a fait étape à Uzès, à l’invitation de Michou Berrebi, directrice du cinéma Le Capitole qui nous a accueillis dans la grande salle. Une projection de Bleu-Gris, documentaire de Mohamad Al Roumi sur l’exode forcé des habitants de la vallée de l’Euphrate lors de la construction du barrage Assad a entamé la soirée. Ont suivi des vidéo art puis le film de Eias Al Mokdad, « L’autre côté de son ombre », retraçant le choix d’un jeune médecin syrien installé à Bruxelles d’aller dans son pays d’origine pour y apporter son aide.
Khouloud Al Zghayare a ensuite récité ses poèmes, accompagnée par le saxophoniste Philippe Botta. Saïd Issaoui a dit les poèmes en français. Une discussion du public avec les artistes a suivi. Ceux-ci ont été interrogés sur la façon d’aider les Syriens, sur la situation sur place, sur les années Assad, Leïla Shahid assurant la traduction simultanée.
Un dîner de mezzés confectionné par les membres de la Caravane a été vivement apprécié. Là encore, ce fut une très belle soirée.
Introduction de la soirée par Michou Berrebi, directrice du cinéma Le Capitole à Uzès
Ce soir est un soir qui ne ressemble à aucun autre. Des manifestations, certes, il y en eut beaucoup au Capitole, mais celle-ci a un caractère bien particulier.
Vous allez assister à des courts métrages, à de la musique, à des lectures et de la poésie, et tout ceci nous vient d’ailleurs : de la Syrie qui, depuis le christianisme est une part importante de notre histoire, cette Syrie où depuis trop longtemps, les femmes, les hommes et les enfants meurent sous les armes, soit des dictateurs, soit sous celles de terroristes plus sanguinaires que jamais.
L’histoire va vite, trop vite. Et les malheurs et les crimes sont si nombreux dans notre monde que nous y assistons impuissants et essayons de penser un pays après l’autre.
La Syrie qui faisait la une de tous les journaux et toutes les émissions d’information tant à la télévision qu’à la radio ne fait plus que de temps en temps l’objet de rappel. Et ce, à l’occasion d’événements encore plus dramatiques. La situation, loin de s’améliorer, s’aggrave de jour en jour. L’avenir de Palmyre est très incertain. Ce site inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité est bourré d’explosifs.
Mes amis ici présents ne prétendent pas pouvoir, ou vouloir avec leur caravane changer le cours des choses. Bien sûr que non, mais il y a en Syrie des poètes, des peintres, des musiciens, des artistes qui font acte de résistance en continuant à travailler dans des conditions à peine imaginables. C’est à ceux-là, ce soir, que notre message s’adresse : ce que nos amis essayent de faire est d’empêcher le processus de démoralisation. Alors nous leur disons Accrochez-vous et nous nous accrocherons derrière vous.
